Le français sera-t-il bientôt une langue morte ?
Le latin est une langue morte
Le grec ancien est une langue morte
Les langues régionales sont sous respiration artificielle… quelle est l’espérance de vie de la langue française ?

Trois phases de grandeur et de décadence :
1. La place croissante occupée par le français, au détriment du latin
« Dès le XIIIe siècle, les notaires royaux écrivaient en français, et c’est entre le XIVe et le XVIe siècle que le français s’est lentement imposé comme langue administrative dans les chartes royales, au détriment du latin. Cet essor se concrétise avec la promulgation de l’ordonnance de Villers-Cotterêts (1539) par François Ier qui franchit un pas de plus pour que le français devienne la langue du droit et de l’administration. »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_linguistique_de_la_France
2. La place croissante occupée par le français, au détriment des langues régionales
Saviez-vous que la Révolution française avait interdit l’usage des langues régionales à l’école ?
Une de mes grands-mères, qui allait à l’école dans les années 1920, m’a raconté que, si elle parlait le languedocien à l’école, elle était punie.
« Pour les révolutionnaires, l’ignorance du français est un obstacle à la démocratie et à la diffusion des idées révolutionnaires2. En 1790, l’Assemblée nationale commence par faire traduire dans toutes les langues régionales les lois et décrets, avant d’abandonner cet effort, trop coûteux3. Le décret du 2 thermidor An II impose le français comme seule langue de toute l’administration4,5, et les révolutionnaires font pression pour imposer le français et s’opposer aux langues autochtones nommées patois ou idiomes féodaux6 «
Il existe actuellement un renouveau des régionalismes, avec des écoles telles que les calandretas en Occitanie, les écoles Diwan en Bretagne, les Ikastolak au Pays basque et les bressolas catalanes, mais ce sursaut semble bien tardif.

3. La place croissante occupée par les anglicismes au détriment du français
– dans le monde de l’entreprise
– dans la technologie
– dans les sciences
– au cinéma
– dans la chanson
– dans le sport
– dans la mode
– dans les médias
– etc.
Le rôle uniformisateur des médias et d’Internet
L’arrivée de la radio, puis de la télévision, a eu raison des ténacités locales. Hormis quelques émissions en langues régionales, la langue française y est omniprésente.
Peu à peu, le contenu des émissions s’américanise, se mondialise, les mêmes films, séries, événements, chanteurs, etc. étant présentés au monde entier, du moins au monde occidental. Les séries comme Friends, la série des Star Wars (on disait encore La Guerre des étoiles de mon temps…), Taylor Swift… sont les nouvelles références culturelles.
La loi Toubon, en 1994, a heureusement préservé la place de la langue française dans notre pays, du moins pour quelques décennies de plus.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_Toubon
La sournoise progression de l’anglais dans les entreprises françaises
Même si, officiellement, la langue française résiste dans le milieu de l’entreprise, elle est peu à peu grignotée par les anglicismes.
Ainsi, dans les grandes entreprises, il est question de gouvernance, de performance, de compliance… quand les réunions ne se tiennent pas carrément en
anglais !
« L’utilisation de l’anglais dans les entreprises a entraîné dans certains cas des problèmes de communication entre la direction et les salariés, ce qui a entraîné un certain nombre de réactions syndicales, particulièrement depuis 2004. Des entreprises ont ainsi été condamnées pour usage illégal de l’anglais. Par exemple la société américaine GE Medical System en , condamnée à 570 000 euros d’amende pour avoir transmis des documents en anglais sans traduction à ses salariés français8. De même pour les sociétés NextiraOne et Europ Assistance, elles aussi condamnées pour avoir voulu imposer à leurs salariés des logiciels en anglais sans traduction. »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_Toubon
Évolution d’une famille
Mes grands-mères, nées respectivement en 1910 et en 1913, m’ont raconté que, quand elles parlaient la langue d’Oc à l’école, elles étaient punies. Les langues régionales étaient donc tenaces puisque, plus de 100 ans après leur interdiction à l’école, elles étaient encore largement parlées.
Mes parents, nés respectivement en 1940 et en 1941, ne parlaient déjà plus le languedocien couramment, même s’ils le comprenaient. Cependant, ils employaient encore beaucoup de mots et expressions régionaux.
Quant à moi, je ne comprends plus le languedocien, si ce n’est quelques expressions, quelques mots, quelques étymologies de noms de communes, mais j’ai encore l’accent du Midi.
Ma fille n’a même plus l’accent du Midi ! Et je dois la reprendre régulièrement : « Ce que tu dis est un anglicisme », « Ça, c’est de la syntaxe anglaise », « C’est la traduction littérale de l’expression… »
Mes petits-enfants parleront-ils encore français ?
Quel avenir ?
Qui comprend encore l’étymologie des noms des communes, des plats régionaux, des patronymes français, etc. ?
Allons-nous aussi perdre l’usage du français, en raison du rouleau-compresseur de l’anglais et de la sous-culture américaine imposée au monde entier ?
Combien de jeunes, aujourd’hui, parlent la langue régionale de leurs ancêtres ?
Combien de grands-parents ont du mal à comprendre leurs petits-enfants ?
Les Français de 1900 auraient compris sans trop de difficultés les Français de 1600. La langue évoluait lentement, les chansons et les récits racontés à la veillée étaient sensiblement les mêmes, les traditions étaient conservées.
Les personnes qui occuperont en 2100 le territoire actuellement appelé France pourront-elles encore comprendre les Français de 1800 ?