« Des actions menées par des proxies », dixit le général Bonneau

L’article La Gendarmerie met en garde contre un risque d’agitation en France en cas d’engagement majeur à l’Est, du site opex360.com, cite le général Bonneau, directeur général de la Gendarmerie nationale française :

« Je pense que nous pourrions avoir des actions menées par des proxies, du sabotage… »

Heureusement, le site opex360.com a ajouté entre parenthèses une des traductions possibles de l’anglais « proxies » : intermédiaires.

Pourquoi ce recours totalement inutile à l’anglais et comment l’éviter ?

(source de l’illustration)

Comment a-t-on pu se passer de « proxy » pendant des centaines d’années ?

Parce qu’il existe des mots français pour dire la même chose ! Qui plus est, le mot anglais « proxy » vient du français « procuration ». Faire quelque chose « par proxy », c’est le faire « par procuration ».

Par exemple, certains disent que la guerre en Ukraine est une guerre « par proxy » entre les États-Unis et la Russie, alors qu’il est tellement simple de dire « par procuration ». D’accord, il y a 2 syllabes de plus, mais ce minuscule gain de temps vaut-il la peine de saborder notre langue ?

Donc, une traduction possible est « intermédiaire ». On m’opposera que le mot « intermédiaire » est trop général, que le mot n’a pas une acception purement militaire… mais proxy non plus !

Personnellement, je l’ai découvert dans le monde de l’informatique : « Une interface pour un service, en particulier pour un service distant, gourmand en ressources ou difficile à utiliser directement. »

On trouve aussi « proxy » dans le monde bancaire, le monde juridique, le monde scientifique, etc. Donc, « proxy » n’a pas de connotation spécifiquement militaire, il peut signifier « intermédiaire », « mandataire », « interface », « paravent », « prête-nom », « procureur », « relai », « procuration », « représentant », etc.

Comment éviter l’anglicisme « proxy » ? Très facilement.

Dans le domaine juridique : procuration. Au lieu de dire « j’ai ouvert un compte bancaire par proxy« , il suffit de dire « j’ai ouvert un compte bancaire par procuration« .

Dans le domaine informatique : interface. Au lieu de dire « je dois passer par un proxy« , il suffit de dire « je dois passer par une interface« .

Dans le domaine militaire : par intermédiaire ou par procuration. Au lieu de dire « ces deux pays se battent par proxy« , il suffit de dire « ces deux pays se battent par intermédiaire« .

Dans le domaine judiciaire : procureur. Au lieu de dire « Le proxy agit au nom de la société et soutient l’accusation au cours de la procédure », il suffit de dire « Le procureur agit au nom de la société et soutient l’accusation au cours de la procédure »

Dans le domaine politique : représentant, député. Au lieu de dire « Les membres du parlement sont les proxies du peuple », il suffit de dire « Les membres du parlement sont les représentants du peuple ».

(voir les autres traductions possibles dans l’entrée de dictionnaire « proxy »)

Lorsqu’on ne comprend pas ce qu’on dit, on risque d’aboutir à ce genre de pléonasme : « Jusqu’où peut monter cette escalade par proxy interposé ? » (phrase authentique, prononcée par un saint-cyrien)

« Par proxy » et « interposé » signifient la même chose. « Monter » et « escalade » vont dans le même sens. Il suffisait de dire « Jusqu’où peut mener cette escalade par procuration » ?

Mais pour les amateurs de quadruple pléonasme avec saut périlleux arrière, je propose : « Jusqu’où peut monter l’ascension de cette escalade en plein essor par le truchement d’un proxy interposé entre les intermédiaires ? »

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