« Je n’ai jamais dit qu’il fallait cibler les boomers dont je suis » explique François Bayrou. Naïve que j’étais, je croyais que les dirigeants de la France devaient donner l’exemple quand ils s’exprimaient en public.
Personnellement, j’abhorre cet anglicisme péjoratif, qui incite les jeunes générations à manquer de respect à leurs aînés, en les comparant à « de vieux réacs qui ne comprennent rien »… comme si les jeunes générations comprenaient tout.

D’où vient le mot « boomer » ?
Sans surprise, des États-Unis. Il qualifie les enfants issus du « baby-boom », c’est-à-dire de l’explosion démographique qui a suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Jaloux d’une génération qui a connu une période de paix et de prospérité, certains membres des générations ultérieures cherchent un bouc émissaire à leurs problèmes, feignant d’ignorer que, loin d’être les victimes de leurs prédécesseurs, ils sont plutôt victimes des politiques et conjonctures actuelles.
D’où vient l’expression « OK boomer » (double anglicisme) ?
L’expression « OK boomer » provient des réseaux sociaux. Elle a émergé à la fin des années 2010 comme une réplique ironique et moqueuse des jeunes générations à l’encontre des personnes nées entre 1946 et 1964.
Elle s’emploie pour rejeter ou ridiculiser des propos jugés dépassés, conservateurs ou paternalistes de cette génération. Par exemple, à la phrase : « De mon temps on travaillait dur. Vous, vous êtes paresseux. », le jeune répond : « OK boomer ».
C’est une manière concise de dire : « Tes remarques sont dépassées, je ne vais même pas débattre ».
En novembre 2019, une députée néo-zélandaise, Chlöe Swarbrick, l’a même prononcée au Parlement en réponse à une interruption d’un collègue plus âgé, ce qui a encore accéléré sa diffusion mondiale.
À qui peut bien profiter la propagation de « boomer » et de « OK boomer » ?
Qui a intérêt à creuser le fossé entre les générations ? Ceux qui ont intérêt à diviser pour mieux régner ? Ceux qui voudraient prendre à Paul pour donner à Jacques (en s’octroyant une grosse commission au passage) ?
Ne doutons pas que les quinquagénaires, quadragénaires et trentenaires actuels seront à leur tour affublés de ce type de sobriquet lorsqu’ils atteindront l’âge de la retraite, afin de maintenir l’opposition entre les générations.
En tout cas, je trouve consternant qu’un Premier ministre français entérine cet anglicisme qui favorise les divisions.
Réconcilions les générations
Au lieu d’opposer les générations, il serait plus profitable à la société de les réconcilier.
Les jeunes profitent de l’expérience de leurs aînés, et les aînés profitent de l’aide des jeunes pour comprendre le monde actuel.

Comment remplacer « boomer » ? Faut-il garder le côté péjoratif ?
En anglais, « boomer » est à la fois une catégorie démographique et un stéréotype culturel (personne âgée, jugée conservatrice ou paternaliste, qui ne comprend pas les réalités des jeunes).
En français, on pourrait traduire par :
– boumeur (francisation de « boomer »), mais péjoratif, et « boum » est un anglicisme
– « soixante-huitard », qui correspond grosso modo à cette tranche d’âge, mais qui suggère que tous ses membres ont jeté des pavés sur les CRS, ce qui n’est pas le cas. De plus, « soixante-huitard » est souvent employé de manière péjorative, surtout s’il est accompagné du qualificatif « attardé » qui fleure bon le Larzac.
– « personne née après-guerre » ou « génération d’après-guerre », c’est que je choisirais, pour se débarrasser de l’aspect insultant
– glorieusard (trouvé sur la chaîne de Paul de Breteuil), en référence aux 30 glorieuses
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